Seydou Boro à l’écoute des danseurs malgaches publié le 30/09/2013

La création, c’est des larmes, des cris et de la douleur…mais avec le plaisir en plus !

Pendant ces trois jours d’ateliers, j’ai donné un travail sur l’écriture chorégraphique pour ensuite enchaîner sur l’improvisation. Cela s’est fait en deux étapes : le matin, ce sont les cours théoriques et l’après-midi, on a surtout travaillé sur la matière. Pour moi, c’est capital qu’ils puissent expérimenter ce genre de travail de recherche, surtout qu’il s’agit là des danseurs de demain. Confrontés à l’improvisation, comment est-ce qu’on s’engage ? Quels sont les éléments auxquels il faut faire attention ? Il faut que le danseur soit en perpétuel questionnement.
A l’issu de ce travail, nous avons essayé de concilier l’étape de création et l’application des cours théoriques. Pour que les gens puissent voir la nuance et que les danseurs prennent conscience de leurs capacités à travailler sur quelque chose. Le thème est axé autour du cheval. C’est un des animaux sur lequel je me suis toujours identifié, depuis longtemps. D’ailleurs, j’ai créé une pièce « Le tango du cheval ». Je voulais partager cette expérience avec les danseurs malgaches. Comment est-ce qu’on trouve l’ambigüité entre l’homme et l’animal, comment on s’approprie ce côté animal en tant qu’homme ? Il doit y avoir une confusion physique et c’est là tout le but de la pièce.
Transmettre : c’est un devoir que je me suis assigné depuis longtemps. Au Burkina Faso, j’ai un espace qui s’appelle Intermédiaire où je forme des danseurs depuis vingt ans. Gaby Saranouffi m’a demandé de participer au Festival, je n’ai pas hésité une seule seconde, cela dépend juste de ma disponibilité.
Je pense qu’il y a une réelle évolution, si on regarde au niveau des participants. L’engouement et l’enthousiasme des danseurs qui sont présents tous les matins. Je reste conscient qu’à chaque corps, une capacité et je me suis permis de travailler avec les corps qui sont là. Je ne cherche pas à les modeler à ma manière, il faut que chaque corps s’exprime comme il le ressent. Je pense qu’ils sont jeunes et il y a vraiment du potentiel.
Je peux vous dire que la danse n’a jamais été une priorité pour l’Etat, pas uniquement à Madagascar. Je pense que c’est l’histoire de la constitution même et l’accompagnement des politiques. La culture est un facteur très intéressant et capital pour le secteur économique d’un pays. Comment est-ce qu’on éveille les gens à travers l’art ? C’est la question qu’il faut se poser mais que les politiques n’ont pas cerné. On ne voit pas le réel engagement des artistes, c’est aussi là toute la difficulté. En retour, ils n’ont pas les répondants politiques, ce qui crée un vrai handicap.
On se pose la question : pourquoi je veux faire ce métier là ? En tant que personne, qu’est-ce que j’ai envie d’apporter ? L’enjeu est là, pas seulement en terme de frime ou d’argent. C’est un engagement réel, pas seulement au niveau du corps. Lorsqu’on arrive sur un plateau, on a un discours. Je donne un rendez-vous à un public, il y a la nécessité du propos qui m’amène à être sur scène. La danse est une discipline exigeante. Pour ma part, la création c’est des larmes, des cris, de la douleur en même temps du plaisir, surtout quand ça marche. Je pense que c’est à chacun de voir comment il a envie de se positionner dans la culture et vis-à-vis de l’art de la danse en particulier.

Commentaires
Votre commentaire